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Sur cette parution, un tout nouvel encart qui va parfaire notre revue de presse sur « la justice ».

Son titre (À Séné, le spectre d’un empoisonneur plane sur la mort de l’avocat Olivier Metzner – Vannes) est évocateur.

Identifié sous la signature «d’anonymat
», le pigiste est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour plusieurs autres textes qu’il a publiés sur le web.

Le papier peut ainsi être pris au sérieux.

L’éditorial a été divulgué à une date mentionnée 2022-08-03 05:06:00.



On ne va pas faire durer le suspense, dans votre livre « Le maître et l’assassin », vous n’invalidez pas la thèse du suicide qui a été retenue à la mort de l’avocat Olivier Metzner, retrouvé sur la plage de son île de Boëdic le 17 mars 2013.

« Non, il n’y a aucun doute, Me Metzner s’est effectivement suicidé. Les films des caméras de vidéosurveillance sont très clairs là-dessus. Mais ma thèse, c’est qu’Alexandre Despallières a joué un rôle de premier plan dans cette mort. Quelques heures avant sa mort, il était dans les environs de Vannes. Alexandre Despallières n’a jamais relâché sa mainmise sur Metzner qui, pendant vingt ans, a été quasiment son unique moyen de subsistance. Pour moi, Despallières est responsable indirectement de la mort du grand avocat qu’était Metzner. Mais pas pénalement, c’est vrai ».

Dites-nous qui était Alexandre Despallières, qui est décédé en janvier 2022 du Covid alors qu’il était soupçonné d’avoir empoisonné Peter Ikin, un dirigeant de la Warner.

Alexandre Despallières était un homme d’une grande beauté et qui très tôt s’est servi de son magnétisme pour séduire d’autres hommes dans un but intéressé. Tout jeune, il s’est construit dans l’idée qu’il deviendrait une star. Mais quand il a contracté le VIH à l’âge de 16 ans, c’est comme s’il avait vendu son âme au diable. Il est devenu l’amant, le gigolo devrait-on dire, d’Olivier Metzner en 1993.

Metzner a dépensé une énergie considérable à cloisonner sa vie, afin qu’on ne sache pas qu’il était homosexuel, séropositif et qu’il entretenait des gigolos

Affaire Olivier Metzner Alexandre Despallières.
« Olivier Metzner s’est construit dans l’idée qu’il était laid et qu’il fallait qu’il paye pour qu’on s’intéresse à lui », estime la journaliste Sophie Bonnet. On voit ici l’avocat, avec son éternel cigare, au côté d’Alexandre Despallières. (DR)

Vous le traitez de serial empoisonneur, dites-en davantage…

Pour moi, Alexandre Despallières a tué a minima cinq personnes en les empoisonnant au paracétamol. C’est un moyen très ingénieux, parce que le paracétamol est en vente libre et que c’est un produit courant. Mais utilisé à fortes doses, sur la durée, il détruit le foie. Alexandre Despallières a été accusé du meurtre de Peter Ikin, empoisonné en 2008 au paracétamol. Je pense qu’il est aussi derrière la mort de ses parents et de ses deux grands-mères. À chaque fois, il est le dernier à les avoir vus. Je pense intimement qu’il y a d’autres cadavres dans le placard.

Revenons à Olivier Metzner. Il était reconnu comme un très grand pénaliste, une star du barreau, mais dont la vie privée était étonnamment très secrète.

Metzner a dépensé une énergie considérable à cloisonner sa vie, afin qu’on ne sache pas qu’il était homosexuel, séropositif et qu’il entretenait des gigolos. Il avait la terreur que cette part de lui apparaisse au grand jour. Tout bascule quand Despallières est accusé de l’empoisonnement d’Ikin et que leur relation est révélée. C’est à ce moment-là, en 2010, que Metzner a décidé d’éjecter Despallières de sa vie.

Il avait un côté machiavélique et pouvait faire preuve en même temps d’une grande gentillesse. Il était Janus, l’homme aux deux visages.

Drogue, alcool, mensonges : le portrait que vous faites de Me Metzner n’est pas des plus flatteurs…

C’était un immense pénaliste, c’est certain. Il n’est qu’à voir le nombre et le retentissement des affaires dans lesquelles il est intervenu. Olivier Metzner avait une force de travail colossale, alors qu’il consommait une quantité d’alcool, de drogues et de médicaments incroyable. Sans doute qu’il n’aurait pas pu tenir sans ces béquilles. Mais à la fin de sa vie, il était arrivé à un état d’épuisement absolu. Metzner était aussi un menteur pathologique, qui disait qu’il avait été adopté, qu’il était issu d’une famille miséreuse, qu’il avait un enfant : tout cela était faux. Il avait un côté machiavélique et pouvait faire preuve en même temps d’une grande gentillesse. Il était Janus, l’homme aux deux visages.

Ile de Boëdic après le suicide d'Olivier Metzner.
L’enquête menée à l’époque par la gendarmerie n’a rien révélé de suspect. Olivier Metzner avait été filmé par des caméras de vidéosurveillance et laissé trois lettres manuscrites pour expliquer son geste. (Archives Le Télégramme)

De ce que vous savez, dans quel état d’esprit était-il dans les semaines qui ont précédé sa mort ?

?Il courait de projet en projet. Après avoir acheté une grande propriété à Rambouillet, il avait fait l’acquisition de l’île de Boëdic en 2010 où il avait investi des sommes considérables. Il l’avait mise en vente avant de décéder, et après avoir lancé et achevé la construction d’un bateau de 45 mètres d’où il comptait travailler à l’autre bout du monde via des liaisons satellites. Un truc de fou. Mais profondément, c’était un homme seul. Olivier Metzner s’est construit dans l’idée qu’il était laid et qu’il fallait qu’il paye pour qu’on s’intéresse à lui. Jusqu’au bout, il a été extrêmement seul.

Pratique

« Le maître et l’assassin », de Sophie Bonnet. Aux éditions Robert Laffont. 20 €.

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