En explorant le web nos rédacteurs ont remarqué un article qui risque de vous ravir. Sa thématique est « la justice ».

Le titre troublant (la voix du tribunal prend sa retraite) résume tout l’encart.

Présenté sous la signature «d’anonymat
», le rédacteur est reconnu comme quelqu’un de sérieux.

Vous pouvez de ce fait vous fier aux infos qu’il diffuse.

L’encart a été publié à une date notée 2022-07-14 01:21:00.

L’article dont il s’agit :

Le rôle d’huissier audiencier est bien moins connu que celui de juge ou avocat…

Le rôle d’huissier audiencier est bien moins connu que celui de juge ou avocat mais ô combien indispensable lors d’un procès. Bernard – puisque tout le monde l’appelle par son prénom – est celui qui accueille les témoins, les experts, les parties civiles.

Lui qui va chercher les témoins pour faire leur déposition. Lui qui, avec beaucoup de précaution, ouvre les scellés à la demande du président. Lui encore qui s’assure avoir toujours une chaise à proximité lorsqu’il voit les jambes d’un témoin vaciller sous l’émotion. Lui qui attend dans la salle vide quand les juges partent délibérer et les autres s’aérer. Lui enfin qui note tout sur son rôle : les présents, les absents, les noms des avocats, leur temps de plaidoirie, les réquisitions, les condamnations. Il est le métronome de l’audience.

« Un stentor »

Derrière cette apparente douce cadence, sommeille « un stentor, glisse le procureur de la République, Olivier Janson. Un peu à l’image de ce personnage de ‘‘L’Iliade’‘ qui, grâce à sa voix, a la capacité de faire taire tout le monde au milieu du tumulte ».

Quand, à demi enrouée dans l’ancien tribunal ou limpide dans la nouvelle cité judiciaire, la sonnette d’entrée des juges résonne, elle donne surtout le top départ à Bernard. Le discret se lève, enlève ses lunettes, se positionne tout à côté de son pupitre, se fige bien droit, aligne ses bras le long de son corps (comme pour saluer à l’armée), prend une grande inspiration, gonfle sa poitrine et fait entendre un inimitable : « La cour » ou « Le tribunal », c’est selon. Une voix forte et profonde qu’on n’imagine pas sortir d’un homme par ailleurs si bienveillant. Personne ne s’y trompe d’ailleurs, professionnels de la juridiction et population néophyte ne peuvent que se mettre au diapason. « Ce ton et cette discipline me viennent de l’armée », analyse-t-il.

Sa carrière militaire débute en janvier 1966. Ce Bordelais de naissance commence comme élève à la base aérienne d’Auxerre, avant de suivre une formation de contrôleur aérien et d’enchaîner les bases. « J’ai fait valoir mes droits à la retraite en 2001 avec le grade de major et un double coup de chance m’a fait entrer comme clerc audiencier. Un camarade militaire me parle de cette fonction et ma voisine greffière propose mon nom. »

Parfois la larme à l’œil

Guillaume Cotelle, le président du tribunal, retient « son sens de l’engagement et sa faculté à renvoyer une image solennelle et rehaussée de la justice. Il prépare les audiences et accueille les justiciables avec ordre et discipline, prenant soin de prendre connaissance des dossiers à l’avance pour apporter une attention spécifique à chacun. »

« Une ‘‘figura’‘ judiciaire, précise Me Dutin, ancien bâtonnier de culture taurine. Ce qualificatif taurin élogieux lui est d’autant plus approprié qu’il est l’exemple même de la rigueur du travail bien fait. Sa grande prestance et sa voix incomparable participent à la solennité qui doit nécessairement caractériser une audience pénale. »

De ces centaines de procès, Bernard Panafieu, qui a battu le record dans ce rôle à Mont-de-Marsan en nombre d’années d’affilée, retient « une larme à l’œil, une fois ou deux », face à un témoignage poignant. Surtout un profond respect de la juridiction, quand une présidente de cour d’assises arrive à débloquer une victime murée dans le silence depuis des années. « Avec l’émotion, elle ne s’arrêtait plus de parler. »

Des moments uniques, aussi, comme en 2014 « quand Dupond-Moretti est venu à Mont-de-Marsan. Quand il a eu la parole, il s’est levé, s’est déplié et sans regarder une seule fois ses notes, a plaidé pendant cinquante minutes ». Et drôles également, a posteriori, quand « ce même jour, on a dû faire évacuer le tribunal pour une alerte à la bombe et qu’on s’est tous retrouvés dehors dans le froid, le temps que les policiers vérifient qu’il n’y avait rien. »

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Photographie/Personnalités/B/Bruno Braquehais,Ouvrage . A emprunter en bibliothèque.