En recherchant sur le web j’ai vu un éditorial qui va vous séduire. Son thème est « la justice ».
Le titre suggestif (Éric Martin, juge au tribunal d’Alençon et ex-conseiller de Christiane Taubira) en dit long.
Annoncé sous le nom «d’anonymat
», le rédacteur est connu et fiable pour d’autres éditoriaux qu’il a publiés sur le web.
L’éditorial peut en conséquence être pris au sérieux.
L’éditorial a été publié à une date notée 2023-09-20 22:46:00.
Publié le

Au tribunal d’Alençon (Orne), la candidature d’Eric Martin pour endosser le rôle de prévenu lors du faux procès organisé à l’occasion des Journées du patrimoine n’a surpris personne.
Lorsqu’il porte la robe noire, le juge de 61 ans se démarque par son franc-parler, ses inspirations, son efficace fantaisie et ses habiles traits d’humour.
Le profil parfait pour tenir en haleine le public. Mais surtout pour « faire passer des messages », clame-t-il.
Les prisonniers ? « Des gens qui sortent »
Car, dans son esprit, cette candidature au poste de potentiel détenu n’était ni un artifice ni un spectacle. Encore moins une façon de « faire un show ».
« Tout ce que j’ai dit à la barre, je l’ai entendu en salle d’audience », répète-t-il. « Cet homme qui ne peut s’empêcher de picoler, qui ne sait plus quoi faire de sa vie, je ne l’ai pas inventé. Nous avons souvent devant nous des gens avec des failles, des difficultés. »
Surtout, le juge tenait à convaincre. Non pas de l’innocence de « Monsieur Barnabé », mais que la justice peut apporter d’autres solutions qu’un passage derrière les barreaux.
On prête souvent à l’opinion publique l’idée que s’il n’y a pas de prison, il n’y a pas de justice. Mais la justice ne passe pas que par la case prison. Les gens en prison sont des gens qui sortent.
L’institution « la plus noble de France »
De ce point de vue, la mission d’Eric Martin et de ses acolytes du tribunal est réussie.
« Pendant le délibéré, j’avais réellement peur d’aller en taule ! « , sourit-il.
Cela a été très agréable pour moi de constater que lorsque des citoyens assistent à un procès, ils tiennent compte, eux aussi, des parcours de vie, car derrière les faits, il y a des histoires.
Un coup porté à l’idée selon laquelle la justice ne serait pas assez sévère avec les mis en cause. « Un homme a dit au micro qu’il fallait d’abord que Monsieur Barnabé se soigne. Je ne suis pas sûr qu’il aurait dit cela à ses potes sans assister au procès », apprécie-t-il.
Une énième façon de défendre cette « institution la plus noble de France » et de prouver sa « foi dans la Justice chevillée au corps ».
Une institution qu’il a pourtant intégrée sur le tard, à 36 ans.
Une rencontre en prison
Né à Nancy en 1962, Éric Martin n’a « pas du tout était sensibilisé à la justice » durant son enfance.
Celui qui voulait être « prof d’Histoire » a surtout empilé les petits boulots dès l’âge de 16 ans : « nettoyage industriel, agriculture, animation socioculturelle », énumère-t-il.
Élève « moyen », il décroche tout de même un bac de philo-lettres puis passe le concours d’éducateur dans l’Administration pénitentiaire.
Un premier pas dans un monde du pénal qui lui a toujours fait de l’œil.
Dans le milieu carcéral, il travaille avec des mineurs. C’est là qu’il rencontre Christine Grillat, une juge d’application des peines (JAP) et « une femme magnifique » qui suscite son admiration. C’est décidé, le jeune éducateur sera magistrat.
Développement du bracelet électronique
Sans diplôme universitaire, il doit emprunter une voie secondaire : un concours de la Fonction publique permettant d’accéder à une formation de magistrat. « Il n’y avait que dix places dans toute la France. Autant dire que les dix admis, dont je faisais partie, étaient des morts de faim. Il a fallu bosser comme un hargneux pour décrocher le concours de l’École nationale de la magistrature (ENM) de Bordeaux. »
Devenu lui aussi juge d’application des peines, il rejoint l’Orne et la juridiction d’Argentan en 1998. Il y restera neuf ans. Une aventure « passionnante ».
J’ai toujours eu une attirance particulière pour les petites juridictions. Pour un juge, c’est le plus intéressant car on y fait de tout.
En 2007, il tente une première escapade parisienne au sein de l’Administration centrale, qui regroupe l’ensemble des services du ministère de la Justice. Il participe notamment au développement du bracelet électronique, aujourd’hui utilisé couramment dans le cadre d’aménagements de peines.
Conseiller de Christiane Taubira
Après un court retour en Normandie, en tant que juge des enfants à Caen, l’ancien secrétaire général des JAP est repéré au plus haut sommet de l’État.
Et en 2013, on lui propose de devenir l’un des 16 conseillers de la ministre de la Justice de l’époque, Christiane Taubira. Il accepte la mission, mais « pas par engagement politique », « même si je dois reconnaître que je ne l’aurais certainement pas fait si cela n’avait pas été Christiane Taubira ».
À la Chancellerie, il découvre le « cœur nucléaire du pouvoir ». Pour la garde des Sceaux, Eric Martin est chargé de la protection de l’enfance et des mineurs délinquants dans le cadre d’un important projet de réforme, « retoqué depuis », glisse-t-il.
En novembre 2015, il revient finalement dans l’Orne, à Alençon cette fois, en tant que seul juge des tutelles de la juridiction. Un poste qu’il occupe toujours et où il suit « 2 600 personnes en permanence ». Pas de quoi effrayer cet acharné de travail qui assure n’avoir « jamais eu de plan de carrière ».
« Sans eux, la justice serait morte »
On fait le plus beau métier du monde, mais on se doit d’être intraitable dans l’exigence de notre boulot. La justice fait basculer des vies. Il n’y a de la place ni pour la négligence ni pour l’incompétence.
Le juge « déteste » d’ailleurs parler de « petite ou de grosse affaire ».
Je travaille dans le milieu pénitentiaire depuis 1987 et dans la justice depuis 25 ans. J’ai toujours été étonné de la qualité et de l’engagement des gens que l’on côtoie. L’institution tient grâce à eux et cela fonctionne ! Sans cette foutue équipe motivée et impliquée, la justice serait morte !
Le faux procès lors des Journées du patrimoine est, selon lui, un bel exemple de cet engagement. « Cela a demandé beaucoup de travail à des personnes qui ont déjà beaucoup à faire, mais ils l’ont fait, bénévolement. »
Heureux d’avoir pu défendre l’institution de façon plus ludique « et donc plus efficace », le juge apprécie que le public ait pu « toucher du doigt la réalité à laquelle sont confrontés les juges », avant de glisser : « et sinon, je me suis bien marré ! »
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